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Joel et Benji dans The Strombo Show [3ème partie]

Joel Benji Madden The Strombo Show

Suite de l’interview de Joel et Benji dans The Strombo Show. La deuxième partie s’arrêtait à 21m58s. Écoutez la première partie si ce n’est pas encore fait!

Se sentir utile, avoir de la valeur

J: et tu sais la musique, surtout dans l’industrie de la musique, ce que j’ai appris, une grosse partie de ça ce sont surtout des « momentums », tu vois, nous les musiciens, on a quelquefois du mal à s’arrêter ou à commencer des trucs, tu vois ce que je veux dire. C’est genre quand tu amènes cette éthique au sein du groupe, c’est on trouvera la solution, continuons d’aller de l’avant tu sais.
G: vous êtes plus vieux, vous êtes plus sages, c’est bien. Alors que la sagesse amène souvent des histoires et des bagages, quand tu es plus jeune, surtout quand tu es fauché, le désespoir peut être une très bonne chose et quand tu es plus vieux, le désespoir peut être une mauvaise chose donc, avez-vous besoin de ce désespoir, cette faim? En avez-vous besoin d’une manière différente genre pour faire ce que vous faites maintenant?
J: La volonté?
G: ouais
J: une chose pour laquelle je pense que nous sommes très chanceux tous les deux est que bizarrement, notre volonté, on ne l’a jamais perdue et je ne peux pas l’expliquer et je pense qu’il y avait cette idée de ne pas redevenir pauvres tu sais, mais on n’a plus ça qui est derrière nous pour le moment. Je pense que tout tourne autour de ce qu’on peut faire qui ait de la valeur…
B: qui soit spécial
J: qui soit spécial, parce que maintenant il y a cette volonté qui quand ce sera finit, de quoi les gens vont se rappeler de toi? Cela va être n’importe quelle impact que tu as eu dans leur vie. Je pense qu’on a cette volonté là. Je pense aussi qu’on luttera toujours avec notre sentiment de valeurs, je pense qu’on essaiera toujours de faire choses qui ont de la valeur, on essaiera toujours de se sentir important. Si je suis honnête avec mes sentiments, c’est probablement mon plus gros truc, oui on voulait échapper à la pauvreté au début mais je pense que quand on s’est rendu compte que ce n’est pas l’argent mais le sentiment d’avoir de la valeur et je m’en rends compte maintenant. Je pense que je suis mieux maintenant à mon âge, je me sens mieux par rapport à moi-même que quand j’étais plus jeune, j’ai toujours un besoin profond de me sentir utile
G: d’où ça vient tu penses?
J: je pense de quand tu es jeune, tu as une faible estime de soi, on te fait te sentir inutile
G: vos premières chansons étaient beaucoup à propos de ça, pas vrai? Ouais quasiment que à propos de ça
J: je pense que le début de notre enfance mec, c’est comme tout le monde, je pense que les choses de notre enfance…
B: ça te forge
J: ça te forge en qui tu es et tu passes le reste de ta vie à essayer de l’arranger, faire les réparations que tu peux.

Generation Rx

G: sur le nouvel album, j’aime aussi beaucoup le titre parce que tout le monde parle de la crise de prise de médicaments dans ce pays et cette idée de chercher de l’aide et de recevoir de l’aide, est-ce que c’est comme ça que vous avez pensé pour le titre?
B: ouais je pense que cela pose une question, Generation RX, ça a un sentiment et c’est presque, c’est quelle génération? C’est en quelque sorte tout le monde.
J: c’est tout le monde qui est vivant maintenant
B: ce n’est pas juste les plus jeunes
J: je pense qu’aucun d’entre nous se rendait vraiment compte de la crise des médicaments. C’est un bon exemple physique pour moi, la plus grosse chose de la vie, la douleur et juste le processus naturel d’être humain et comprendre tes émotions, ta santé mentale, tout ça, c’est un chose réelle avec laquelle nous avons tous une relation et à qui nous devons faire face et qui y fait face et que font-ils? Et qui n’y fait pas face? Que font-ils? Et je suis intéressé par toutes les façons que l’on a de se distraire. Les médicaments sont un bon exemple pour arrêter la douleur. Il y a des tonnes de choses dans lesquelles on peut se plonger plutôt que de faire ça,
B: tu peux faire ça toute la journée et puis tu regardes à ton téléphone sur n’importe quelle plateforme tu peux voir des gens qui illustrent une vie qu’ils devraient avoir et puis tu peux t’assoir et parler de la vie réelle, se connaître et on peut voir que nous tous, on peut créer des moments forts dans nos vies. Le titre original de l’album était Cold Song, c’est une des chansons dans l’album
G: ouais
B: puis quand on a décidé d’écrire cet album on était là, la façon dont on va aborder cet album c’est par une prise de conscience donc on ne va même pas essayer de choisir un thème sur lequel on va écrire, on va juste voir, quand on commence à jouer ces riffs, quand on commence à laisser ces mélodies et ces paroles sortir, on verra ce qui en ressort parce que c’est en quelque sorte comment on a écrit notre premier album tu vois, et…
J: c’est exactement comment on a écrit notre premier album, on faisait des chansons, on ne savait pas que c’était de la composition de chansons, donc celui là on a essayé de l’aborder de la même façon avec la même innocence et le courant de conscience et les choses qui sont sorties inconsciemment étaient vraiment profondes et c’est sur ces chansons, c’est vraiment réaliste.
Une fois qu’on a eu l’oeuvre principale, je l’ai écouté pendant un voyage pour le boulot et je l’ai appelé et je lui ai dit, j’ai écouté les ébauches de mix de certaines chansons et pour une raison que j’ignore ce Generation Rx rebondit dans ma tête. J’ai le sentiment que c’est là où le monde en est, on dirait qu’on se fait tous aspirer sans même s’en rendre compte, on endort la douleur, on ne fait pas face à la douleur
B: et pour moi cela ressemble à Good Charlotte en 2018, pour une raison que j’ignore, ça sonne bien .
G: en ayant 40 ans, 39 ans
B: c’est bon tu peux dire qu’on a 40 ans
G: c’est un peu fou quand t’y penses[…]
Donc quand tu disais que tu étais dans un groupe avant (à Joel), qu’est-ce que tu as ressenti ? (à Benji)
B: à ce moment là, je l’ai juste accepté tu sais, et j’étais derrière lui parce que j’avais le sentiment qu’il avait pris une décision qui était sincère envers lui-même. J’étais ok avec ça. A ce moment là, il était vraiment sincère par rapport à ça donc tu vois. Il a dit « je ne ferais plus jamais Good Charlotte » mais je travaillerai sur d’autres trucs. Good Charlotte je veux le garder pour moi. Et j’étais là, oui je comprends.
J: oui j’avais envie de récupérer Good Charlotte et que ce soit à moi, je ne voulais pas le donner à qui que ce soit.
G: au public..
J: oui c’est à moi et je l’emporte avec moi et tout le monde dans le groupe a compris et m’a soutenu.
G: donc quand la grosse tournée pour cet album va arriver, parce que vous repartez en tournée, êtes-vous inquiets par rapport à qui sera dans le public? Quels seront les chiffres?
B: non il n’y a pas eu un seul concert qui n’a pas été fun
J: très intéressant aussi parce que avant il y avait certains concerts que je ne voulais pas faire, il y avait toujours des concerts difficiles mais tous les concerts de cette tournée, de ce cycle depuis l’album qu’on a sorti en 2016, on a dit, quand on a sorti Youth Authority, Benji me demandait, « est-ce que tu voudras faire des concerts? » et je disais, je ferais genre 16 concerts
G: ouais, c’était un chiffre arbitraire?
J: ouais ça me semblait bien, je ferais 16 concerts, 4 aux États-Unis, 4 au Royaume-Uni et on a fait ceux-là et c’était vraiment incroyable et à la fin de ces concerts, je me suis dit que c’était pas trop mal, je peux en faire un peu plus et à chaque fois, cela me plaisait plus
B: mais l’ambiance et le public, les fans
J: génial
B: tellement important
J: et étonnamment très jeune

Les fans, Good Charlotte synonyme de jeunesse

G: c’est ce que je trouve intéressant de savoir qui sont vos fans maintenant,
J: jeune, c’est genre de 16 à 21 ans.
B: tu vois si tu penses à Good Charlotte y a une énergie jeune, je pense qu’on l’écrit avec notre enfant intérieur.
B: oui parce qu’on a écrit des chansons pour tellement d’autres artistes et on a eu des succès avec d’autres artistes et on a écrit depuis un endroit différent. Pour une raison que j’ignore, quand on écrit pour Good Charlotte, où c’est pour nous, cela vient de cet endroit juvénile, Good Charlotte est synonyme de cette jeunesse, cette angoisse que l’on a à ce moment là de notre vie. C’est quelque part entre 14 et 21 ans, dans cette tranche d’âge où l’on se bat pour survivre quelque chose et je pense que émotionnellement, je ne sais pas pourquoi mais on y retourne et on écrit depuis cet endroit là en nous.
J: je pense qu’émotionnellement j’avais facilement 16,17, 18 ans jusqu’à ce que j’ai des enfants, tu vois ce que je veux dire?
G: ouais
J: et j’étais toujours un petit enfant, et je ne m’en étais pas rendu compte jusqu’à ce que j’ai des enfants et que j’ai commencé à être père, à quel point j’étais jeune
G: hey est-ce que ta femme a du te dire…?
J: oh mec cela fait 12 ans qu’elle s’occuper de moi, que Dieu la bénisse!
G: 2 de ces 12 ans c’était avant que tu sois papa, donc est-ce qu’elle a dit, c’est le moment d’être papa?
J: heu je pense qu’on était tous les deux à fond et on a juste appris sur le tas, on ne savait pas ce qu’on faisait
B: vous avez toujours eu un mariage cool
J: on a toujours été une équipe, tu vois ce que je veux dire, tous les deux on se…
B: vous vous soutenez
J: ouais on se soutient, on trouve une solution, c’est toujours notre truc, je sais pas, on trouvera la solution. Et on est juste ouverts. C’est pour ça que, sur cet album surtout, c’est très intéressant maintenant, de prendre du recul et voir ce qui est sur cet album et regarder d’où on l’a écrit, pour moi Good Charlotte résume vraiment ce qu’était un moment important et majeur dans nos vies et je pense que ton esprit, ton coeur, ton corps a une mémoire puissante, une mémoire émotionnelle où tu peux te rappeler de ces choses, tu peux peindre un tableau, tu fermes tes yeux et tu es là. Et c’est la chose géniale avec l’art, je pense que Generation RX pour moi, c’est la raison pour laquelle cette phrase à commencer à trotter dans ma tête et bizarrement cela résume le monde d’une certaine façon et ce n’est pas juste une tranche d’âge, pour moi c’est un sentiment d’échappatoire, c’est un sentiment de « est-ce que tu y fais face? Ou est-ce que tu te dégonfles?

Fin de la troisième partie – 32m44s